Le commissionnement, outil indispensable pour un fonctionnement optimal des installations

En théorie, nos installations n’ont jamais été aussi performantes. Pourtant, à chaque fois que des mesures indépendantes sont réalisées, on constate que le fonctionnement est loin d’être optimal.

C’est étonnant car, en théorie, l’équipe de maîtrise d’oeuvre est responsable de la bonne réalisation, y compris du fonctionnement du bâtiment. Faut-il en conclure qu’elle réalise mal son travail ?

Pour être concepteurs et maîtres d’œuvre, nous sommes régulièrement confrontés à ce questionnement car, malgré des efforts sincères, nous constatons généralement des dysfonctionnements sur nos installations lorsque nous procédons à des mesures après la livraison. Comment expliquer cela et surtout, comment y remédier ?

L’explication la plus vraisemblable nous paraît être la suivante. Par comparaison au monde industriel, livrer un batiment consiste à livrer le premier prototype d’un produit complexe : le fonctionnement est forcément imparfait.

Partant de ce constat, quels sont les moyens à notre disposition, non pas pour supprimer les défaillances, mais les réduire au maximum ?

Nous avons identifiés 3 principaux leviers d’action :

  • Le Maître d’Ouvrage fait appel à un AMO commissionnement.
  • La Maîtrise d’Oeuvre intègre certains éléments du commissionnement
  • Le projet est suivi de façon instrumentée sur au moins 2 ans après sa livraison

AVANT DE CONTINUER, QU’EST-CE QUE LE COMMISSIONNEMENT ?

Il faut principalement différencier deux types de commissionnement selon que le batiment est neuf ou en exploitation. Dans le deuxième cas, on parle de rétro-commissionnement.

Dans l’idéal, le commissionnement des bâtiments neufs consiste en une démarche qualité, idéalement menée dès l’avant projet et s’achevant une fois que tous les tests ont été couronnés de succès. Cela peut prendre plusieurs mois car il faut évaluer le fonctionnement des installations à chargé partielle, donc en mi-saison. Dans certains cas, la prestation peut même être étendue en phase d’exploitation par du suivi instrumenté. On parle alors de commissionement monitoré ou de commissionement continu.

Le commissioneur intervient comme assistant à Maîtrise d’Ouvrage et va jouer le rôle de chef d’orchestre entre les différents acteurs à toutes les phases du projet.

Durant la conception, il va formaliser les attentes du programme et mener une analyse critique de ce qui est proposé par l’équipe de maîtrise d’oeuvre pour vérifier que les concepteurs répondent bien aux attentes du programme. Il va aussi contrôler les différentes productions pour en déceler les anomalies et coquilles résultant de problèmes de synchronisations entre personnes.

Ayant identifié les risques de dérives, il va contrôler à l’aide de listes de vérifications le bon choix et la bonne installation du matériel. Pour finir, il va superviser les opérations de mise au point, synthétiser le DOE au sein d’un cahier de matériel et assister la transmission de l’installation à l’exploitant ainsi qu’aux occupants.

Le rétro-commissionnement est une démarche qui se confond à tort à l’audit et à la mise au point. À l’instar de l’audit, la prestation démarre par un état de lieux. Elle va se focaliser sur la comparaison entre le fonctionnement optimal (décrit dans l’analyse fonctionnelle par exemple) et le réel. L’objet est d’identifier les écarts, de proposer les solutions et de piloter leur correction (la mission d’audit est plus vaste mais ne comprend pas la mise en place des solutions). En plus d’autres actions, la mise au point est souvent nécessaire, le commissioneur doit alors la piloter.

MISSION D’AMO COMMISSIONNEMENT

Une mission d’AMO commissionnement nécessite un investissement en temps considérable. Par conséquent, cette solution ne se justifie à notre avis que sur des bâtiments conséquents ou complexes.

Si vous êtes dans ce cas et que l’atteinte des performances optimales de votre batiment est importante à vos yeux, nous vous invitons à nous contacter car nous sommes certifiés CBCPI !

La CBCPI est la certification internationale concernant le commissionnement. Elle est délivrée sur la base d’une expérience, du suivi d’une formation de cinq jours et de la validation d’un examen de 4 heures. Elle garantit notre expertise dans le domaine du commissionnement.

MAÎTRISE D’ŒUVRE INTÉGRANT LE COMMISSIONNEMENT

Nous portons généralement une grande attention à la description du matériel présent  dans le cahier des charges afin de limiter le recours aux variantes plus économiques mais “équivalentes”.

A l’inverse, “comme c’est toujours corrigible”, nous n’accordions que peu d’attention à la description du fonctionnement de l’installation, attribuant ce sujet à l’entreprise qui le traitera lors de l’exécution. Cependant, nous nous rendons compte qu’une grosse partie des problèmes viennent de la.

Ainsi il faut que le bureau d’études décrive précisément en bon français ce fonctionnement et en discute avec le maître d’Ouvrage au sein d’une réunion dédiée.

Toujours dans l’optique de fiabiliser le fonctionnement dès la conception, le bureau d’études doit décrire au mieux dans le CCTP les tests fonctionnels (vérification des valeurs de dimensionnement et respect de l’analyse fonctionnelle) envisagés. Ils seront à la charge de l’entreprise sous la supervision du bureau d’études.

La description doit comprendre le planning (après la mise au point et avant la livraison), les systèmes contrôlés, la méthodologie de mesure, les règles d’échantillonnage, la procédure en cas de défauts constatés…

Il est préférable d’inclure directement dans le document les tableaux de résultats que l’entreprise devra remettre.

A présent en phase construction, la visite de chantier standard consiste à se “promener” accompagné de l’entreprise, à discuter les problèmes au fur et à mesure qu’on les repère et à les consigner dans un compte rendu que personne ne lit. Nous pensons que tout cela pourrait être amélioré.

D’abord, le bureau d’études doit s’armer d’une feuille Excel (en langage commissionnement, le registre des problèmes) recensant le problème, son état (en cours, résolu), la solution, le responsable pour la mettre en œuvre et la date limite. Cette solution présente l’avantage d’être plus synthétique que les compte-rendus ce qui facilite le suivi dans le temps.

En plus, il peut être utile d’utiliser un logiciel de suivi de chantier / des réserves. Ils permettent l’édition automatique de rapports très complets car ils offrent la possibilité, directement sur place, de localiser les problèmes sur le plan, les accompagner de photos et des commentaires. Ainsi, plus d’oublis !

Nous n’avons pas d’astuces supplémentaires pour la réception du chantier. Nous ne pouvons que souhaiter aux confrères, fatigués par le chantier et en bout de budget, d’avoir le courage et l’énergie de superviser tous les tests jusqu’au bout.

SUIVI INSTRUMENTE SUR DEUX ANS APRES LA LIVRAISON

Cette solution est, à notre avis, le seul moyen d’atteindre la performance optimale. Cette prestation n’est pas forcément onéreuse car elle peut généralement se baser sur les capteurs déjà installés et se limite, par conséquent, à du temps d’analyse.

La mission doit être confiée au bureau d’études du projet car il connaît ses installations. Elle comporte, lors de l’année de parfait achèvement, une analyse régulière (trimestrielle?) du fonctionnement de l’installation avec l’autorité pour solliciter l’entreprise afin de corriger les dérives.

La seconde année ne vise qu’à confirmer l’atteinte des performances permettant la mise en place d’indicateurs et à informer le nouvel exploitant des spécificités de l’installation. Le bureau d’études travaille alors à disparaître…

POUR CONTINUER LA DISCUSSION …

Pour finir, il existe une quatrième solution aussi efficace, plus économique mais beaucoup plus difficile à mettre en pratique que les 3 précédentes : faire simple !

L’expérience montre que l’avalanche de systèmes sophistiqués et des multitudes de régulations associées sont inévitablement la source de dérives.

La GTB des bâtiments existants est vraiment le meilleur exemple pour illustrer ces propos. En effet, il est tentant dans le cadre d’audits de vouloir récupérer les données qui y remontent. Le bureau d’études qui s’y risque s’embarque alors dans un chemin de croix composé de fichiers non compatibles, de capteurs défectueux ou dont la position est erronée (ou inconnue), de données manquantes, d’exploitant non formé et d’intégrateur absent. Lorsque c’est possible, il est généralement plus économique de poser ses propres capteurs !